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Bretagne 2.0: encore des tuyaux? Anatomie d’un contre-sens persistant
Séminaire Marsouin, Rennes, Juin
La nouvelle fabrique des SHS (préface)
Le bilan qui est présenté ici est le bienvenu car il mêle délibérément les enjeux que l’on dit « sociaux » des TIC et ceux, dits « scientifiques », des sciences humaines et sociales. Voilà en effet une situation fort enchevêtrée où une « société » change radicalement les dispositifs de sa réflexivité et où les chercheurs qui font profession d’assurer cette réflexivité se doivent de suivre toutes les innovations en cours, sous peine de se retrouver disqualifiés, pensent-ils (...)
Preserving diversity in social networks architectures
A l’aube du deuxième millénaire, les maitres du réseau firent don à l’humanité du « Web 2.0 » et la face du monde en fut changée et tous virent que cela était bon. Chacun put s’exprimer sur ses blogs (Skyblog en France, Blogger et autres), puis diffuser des contenus et les tagger à volonté (delicious et Flickr), puis encore rester en relation avec ses amis, anciens amis, futurs amis, amis des amis dans des réseaux sociaux (Facebook, Linkedin, Orkut, Viadeo, etc.), poster des vidéos en masse et être célèbre en quelques instants (Youtube), enfin, rester en alerte en permanence pour « suivre » quelqu’un sur le web (Twitter). Les sites web « traditionnels » (ils avaient au moins dix ans déjà, c’est dire !) furent révisés eux-mêmes de fond en comble pour devenir des CMS (Content Management Systems) permettant toutes les contributions et des administrations plus souples. Sans parler de toutes les applications qui permirent de produire des données, des cartes, d’en faire des mash-ups, de produire de nouveaux contenus inédits. Sans oublier le peer-to-peer qui entra dans les mœurs bien au-delà des téléchargements puisqu’il prétendit remplacer rien moins que l’architecture client-serveur classique. Si l’on présente cette liste de changements de cette façon, sur une période de 6 ans quasiment (2000-2006), les changements sont impressionnants et la nouvelle culture à laquelle nous avons affaire n’a plus du tout les mêmes propriétés que celle des années 90 qui avaient pourtant représenté un choc avec l’émergence du Web lui-même.
Bref, c’est une nouvelle architecture au sens de Lessig (2001) qui a ainsi fait son apparition et qui semble réjouir tous les utilisateurs que nous sommes mais aussi permettre un nouveau business à l’innovation sans limites. L’engouement est tel qu’il est souvent mal venu d’interroger ces choix techniques faits par des firmes privées qui ont réussi à capter notre temps d’attention et nos activités de façon aussi intime. Pourtant, sans adopter une posture critique a priori, qui se dispense souvent d’examiner les détails de ces choix, il est nécessaire de tenter de comprendre (après coup) « ce que font » les architectures choisies. Elles ne sont pas toutes puissantes, certes, mais elles nous orientent, elles nous font agir autrement, elles sont des « agencies » qui formatent nos façons de penser ou de nous relier. Cette discussion n’est pas tant issue d’un volontarisme citoyen ou scientifique que descontroverses bien réelles que l’on peut observer, principalement à propos de Facebook, sur divers aspects de sa politique d’exploitation des données personnelles notamment. Mais ces controverses peuvent parfois masquer certains enjeux plus transversaux que nous souhaitons mettre en évidence ici. C’est notamment le cas de l’effet monopolistique extrêmement rapide d’un réseau social donné, Facebook, malgré la diversité des réseaux sociaux observable à partir de 2005. La domination écrasante de Facebook sur ses concurrents (encore à venir mais la tendance est lourde puisque Facebook a atteint les 500 millions de comptes) semble mimer celle de Google sur les autres moteurs ou celle de Youtube sur les autres fournisseurs de vidéo. En analysant ce qui est en jeu dans cette captivité de tous les utilisateurs vis-à-vis d’une seule plate-forme, nous ne visons pas seulement à comprendre les enjeux des réseaux sociaux mais aussi à permettre le débat politique sur le statut de ces plates-formes techniques. Elles finissent par constituer notre cadre de vie commun sans qu’à aucun moment, les utilisateurs et citoyens ordinaires aient eu les moyens de décider leurs formats, si ce n’est en adoptant une posture de « voice » (Hirschmann), protestation provisoire et de peu d’effets dans ce cas, ou surtout une solution « d’exit », en abandonnant une plate-forme avec les conséquences importantes que cela peut avoir (...)
Le hard du soft : la matérialité du réseau des réseaux
Le réseau des réseaux serait il devenu, comme le montrent les interceptions massives de la NSA, aisément contrôlable ? Plusieurs propriétés matérielles des tuyaux et des machines qui constituent l'infrastructure d'internet peuvent en effet donner une idée précise des frontières, des filtres et des contrôles possibles : les câbles, les points d'entrée dans les pays, les serveurs de noms de domaine ou des points d'échange internet. La géographie de ces supports techniques essentiels au réseau montre des déséquilibres et des fragilités, que l'on retrouve dans les grands calculateurs ou dans les standards des réseaux mobiles. Mais les arènes politiques manquent toujours pour décider de ces architectures pourtant si cruciales qui formatent notre monde commun, mais pourtant séparé et contrôlé
Choses du public et choses du politique. Pour une anthropologie des inouïs
La démocratie est un régime politique intéressant si et seulement si elle reste capable de remettre en question régulièrement ses propres procédures mais aussi les frontières qui qualifient les êtres participant à ces procédures (Walzer, 1997). Comment faire pour qu’elle reste ouverte aux membres qui ne possèdent aucun des critères traditionnels de représentation : le sang, le savoir ou l’argent, et contrer ses tendances naturelles à l’oligarchie (Rancière, 2005) ? (...)
Médiologie des régimes d'attention
Parler de « régimes d’attention » au pluriel présente plusieurs avantages. Trop
souvent, l’attention traitée au singulier entraîne avec elle une vision essentialiste de
l’attention, comme une évidence supposée partagée, « taken for granted », alors
qu’elle est un composite de multiples processus, comme l’ont bien mis en évidence les
travaux de sciences cognitives. Or en ce domaine comme en d’autres, la contrainte de
pluralisation oblige à distinguer des processus qui parfois finissent même par être
antagonistes, comme nous allons le voir. Trop souvent aussi, la référence à l’attention
au singulier la place en statut de cause finale, de façon tout aussi abusive que le fut son
complet oubli pendant des années. Alors qu’un Herbert Simon la mentionnait dans un
programme plus général sur les échanges d’information, Goldhaber en fait un principe
central qui convertit tout autour d’une nouvelle valeur, ce qui constitue d’ailleurs la
force de son argument qui permit d’attirer… l’attention sur sa thèse ! Cette propension
à la découverte d’un nouvel équivalent général n’a rien de nouveau, mais après la
monnaie, le signe ou le phallus des années 60, voici que plusieurs candidats se
disputent le rôle : l’information, la réputation, l’opinion et finalement l’attention. Sans
doute est-ce un symptôme de l’époque, dirait un analyste complaisant, mais nous
devons ici nous obliger à un exercice de définition stricte qui remet l’attention à sa
juste place
Habitele: mobile technologies reshaping urban life
"Habitele" is a neologism that seeks to account for the anthropological mutation we are experiencing, when two thirds of human beings have become equipped with a mobile phone (6.8 billion subscriptions, i.e. approximately 4.5 billion individual users -- figures of 2013). The "connected being" status changes our mood, based on an alert state of mind, on permanent awareness. It changes our way of interacting in everyday life, our coordination skills, because of traceability technical possibilities. But it also offers the opportunity of switching between social worlds we are affiliated to, be they socio-demographic features or precarious tastes that connect us to an ephemeral community (...)
Les universités et le nouveau féodalisme du management
La pénétration des modèles managériaux est en cours dans les universités et les critiques qui les visent manquent souvent leur cible lorsqu’elles les confondent avec la rigueur budgétaire, avec la domination de l’esprit de calcul, avec le souci de l’organisation ou avec le libéralisme. Il est plus révélateur de décrire les technologies cognitives qui soutiennent la pratique du management : l’organigramme dynamique, la présentation du tableur, le ranking permanent. Ces technologies organisent la prolifération des divisions et des autonomies concurrentes, la forclusion du débat, par effet scientiste, la coupure avec les valeurs, et enfin l’amour du censeur. Cette dégénérescence de l’institution signe un nouveau féodalisme qui vaut disparition du politique et haine de la démocratie
Capitalisme financier, innovation d’opinion et conventions socio-cognitives
Les innovations ont vocation à remettre en cause les conventions sociales, pense-t-on habituellement.
Ce n’est pas faux à la condition de préciser que les innovations ne réussissent que dans la mesure où
elles produisent et s’appuient elles-mêmes sur des conventions, c’est –à-dire des situations stabilisées
pour étendre le marché et permettre l’appropriation par les consommateurs. Le nouvel esprit du
capitalisme dans lequel nous sommes, celui du capitalisme financier, constitue de ce point de vue une
rupture puisqu’il valorise avant tout la fluidité du capital et des biens et même des savoirs-faire, qui
doivent sans cesse être remis en cause sous forme de flexibilité généralisée des travailleurs comme des
consommateurs. Or, nous voulons montrer ici que cette tendance générale imposée par le capitalisme
financier risque de tuer toute possibilité de constituer des conventions sociales, de ne plus permettre
ainsi la constitution d’apprentissages durables et de ce fait de mettre en péril toute extension possible
du marché lui-même ainsi que tout investissement dans l’innovation que l’on a pu connaître à l’époque
industrielle. La technologie du numérique est particulièrement adaptée à cette tendance lourde à la
fluidité car elle est adaptable en permanence et la vitesse de diffusion des nouvelles versions de
logiciel finit par rendre très difficile le maintien à niveau de larges groupes de population. On prétend
lutter ainsi contre la fracture numérique alors que l’on fait entrer des populations entières dans le
cercle infernal de l’instabilité des innovations, elles-mêmes non justifiées du point de vue des usages (...).La théorie des conventions
Les types d'innovation
Conventions et innovation dans le capitalisme industriel
Les conventions dans le capitalisme financier
Une méta-convention : la fluidité permanente, la cité par projets
Les biens immatériels
Effets sur l'innovation
Conclusion : l'innovation survivra-t-elle au capitalisme financier ?
[Bibliographie
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