511 research outputs found

    Le charisme conféré : Retour sur Max Weber à la lumière d’Ambedkar, hommage à Guy Poitevin (1934-2004)

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    Guy Poitevin, anthropologue et animateur social décédé en 2004, avait consacré une part de son activité à collecter et analyser les chants de meunerie des femmes intouchables du Maharashtra. Ses travaux ont une portée considérable du point de vue de l’élaboration du savoir dans les sciences sociales et de la compréhension des représentations sociales permettant aux « subalternes » d’appréhender le monde, de s’y reconstruire comme sujets et acteurs sociaux et, par conséquent, d’y intervenir pour le changer. Une partie de ces chants était consacrée à Ambedkar, dirigeant politique des intouchables et auteur de la constitution de l’Inde indépendante. Leur étude invite à reconsidérer la notion de charisme, telle qu’elle a été proposée par Max Weber. L’hypothèse sur laquelle les analyses de Guy Poitevin incitent, à réfléchir est que le charisme n’est pas une qualité innée du chef qui engendrerait l’obéissance, mais le résultat d’une relation particulière établie entre le dirigeant et ceux qui le soutiennent, relation dans laquelle les seconds confèrent le charisme au premier.Guy Poitevin, an anthropologist and social worker based in Pune, India, who passed away in 2004, dedicated part of his research to collecting and analysing untouchable women’s milling songs. His writings contain important information about the untouchable women’s culture, they also introduce a new vision of how knowledge in the social sciences should be elaborated, especially of how social representations can be accessed to in order to understand “subaltern” processes of reconstruction of the self leading to actions aiming at changing social orders. Part of the milling songs repertoire referred to Ambedkar, political leader of the untouchables and “father” of the Indian constitution. The reconfiguration of Ambedkar they encapsulate invites to reconsider the concept of charisma as proposed by Max Weber. Guy Poitevin’s analysis of these songs suggest that charisma is not an innate quality of the leader that generates obedience, but that it is the product of a special relation established between the leader and the “leds” whereby the supporters confer charisma to the one they have construed as their chief.Guy Poitevin, antropólogo y animador social fallecido en 2004, consagró una parte de su trabajo a recolectar y analizar los cantos de los molinos de las mujeres intocables del Maharashtra. Su obra posee un alcance considerable en lo que se refiere a la elaboración del conocimiento en las ciencias sociales y en la comprensión de las representaciones sociales que permiten a los « subalternos » concebir el mundo, reconstruirse en tanto que sujetos y actores sociales y, por consiguiente, intervenir para cambiarlo. Una parte de esos cantos fue consagrada a Ambedkar, dirigente político de los intocables y autor de la constitución de la India independiente. Su estudio nos invita a reconsiderar la noción de carisma, tal y como fue propuesta por Max Weber. La hipótesis que los análisis de Guy Poitevin nos incitan a examinar atentamente es que el carisma no es una calidad innata del jefe que provocaría la obediencia sino el resultado de una relación particular entre el dirigente y quienes los apoyan, relación en la cual éstos últimos confieren el carisma al primero

    Lecture critique : Alan Lomax in Haïti, 1936-1937

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    Ce n’est pas sans une certaine émotion que l’on ouvre ce coffret. En effet, Haïti se débat aujourd’hui dans d’inextricables difficultés créées par la combinaison d’une histoire d’autoritarisme et d’impuissance politiques, de mépris pour les pauvres et de négligence des questions environnementales, combinaison qui entraîne une incapacité totale à affronter les conséquences de catastrophes naturelles enchaînées. Avec cette publication, on se trouve reporté soixante-dix ans en arrière, à une époque où, si la pauvreté, l’injustice et la violence étaient le lot quotidien de nombre d’Haïtiens, un peu d’espoir brillait encore pour les habitants de cette moitié d’île. À la fin de 1936, Alan Lomax débarquait en Haïti, où il était rejoint par celle qui allait devenir son épouse, Elizabeth Lyttleton Harold. Pendant près de cinq mois, assistés de Revolie Polinice, homme à tout faire haïtien qui joue un rôle déterminant en tant que guide et négociateur, ils parcourent le pays avec un matériel d’enregistrement mobile1 et, sur la fin, une caméra 8 mm. Au terme de leur séjour, ils auront gravé dans quatre localités2 plus de cinquante heures de musique (58 disques en aluminium de 25 cm et 236 de 30 cm) – soit environ 1500 chansons et formules tambourinées –, tourné quelque 100 mètres de film 8 mm et collecté d’innombrables informations consignées dans un épais journal de terrain (...)

    Musique dans la rue et contrôle de l'espace urbain : Le Cap (Afrique du Sud)

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    Au Cap (Afrique du Sud), le nouvel an est célébré depuis plus d’un siècle et demi par des parades de rue et des compétitions de choeurs et de troupes carnavalesques. Elles rassemblent des milliers de personnes qui, du temps de l’apartheid, avaient été classées dans la catégorie coloured (métis). Ces fêtes du nouvel an sont nées d’usages sociaux de la rue résultant des conditions de vie matérielle dans les quartiers à population majoritairement « métisse » ; la rue devint ainsi non seulement un espace de sociabilité mais un lieu de création contredisant les stéréotypes négatifs attribués aux « métis ». Ces fonctions furent gravement mises en péril par le classement en « zone blanche » de ces quartiers puis par l’interdiction de défiler dans le centre-ville du Cap édictée après 1976. Ces mesures entraînèrent une lutte symbolique pour le droit à l’espace urbain qui ne rejoignit pas directement le combat politique des années 1980 mais exprima, en plus d’une opposition implicite à l’apartheid, l’idée partagée par un grand nombre de « métis » que Le Cap, « Cité-mère » de l’Afrique du Sud, est « leur » ville

    Sounding the Cape

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    For several centuries Cape Town has accommodated a great variety of musical genres which have usually been associated with specific population groups living in and around the city. Musical styles and genres produced in Cape Town have therefore been assigned an ìidentityî which is first and foremost social. This volume tries to question the relationship established between musical styles and genres, and social --in this case pseudo-racial --identities. In Sounding the Cape, Denis-Constant Martin recomposes and examines through the theoretical prism of creolisation the history of music in Cape Town, deploying analytical tools borrowed from the most recent studies of identity configurations. He demonstrates that musical creation in the Mother City, and in South Africa, has always been nurtured by contacts, exchanges and innovations whatever the efforts made by racist powers to separate and divide people according to their origin. Musicians interviewed at the dawn of the 21st century confirm that mixture and blending characterise all Cape Town's musics. They also emphasise the importance of a rhythmic pattern particular to Cape Town, the ghoema beat, whose origins are obviously mixed. The study of music demonstrates that the history of Cape Town, and of South Africa as a whole, undeniably fostered creole societies. Yet, twenty years after the collapse of apartheid, these societies are still divided along lines that combine economic factors and 'racial'categorisations. Martin concludes that, were music given a greater importance in educational and cultural policies, it could contribute to fighting these divisions and promote the notion of a nation that, in spite of the violence of racism and apartheid, has managed to invent a unique common culture

    Cape Town Harmonies

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    Cape Town’s public cultures can only be fully appreciated through recognition of its deep and diverse soundscape. We have to listen to what has made and makes a city. The ear is an integral part of the ‘research tools’ one needs to get a sense of any city. We have to listen to the sounds that made and make the expansive ‘mother city’. Various of its constituent parts sound different from each other … [T]here is the sound of the singing men and their choirs (“teams” they are called) in preparation for the longstanding annual Malay choral competitions. The lyrics from the various repertoires they perform are hardly ever written down. […] There are texts of the hallowed ‘Dutch songs’ but these do not circulate easily and widely. Researchers dream of finding lyrics from decades ago, not to mention a few generations ago – back to the early 19th century. This work by Denis Constant Martin and Armelle Gaulier provides us with a very useful selection of these songs. More than that, it is a critical sociological reflection of the place of these songs and their performers in the context that have given rise to them and sustains their relevance. It is a necessary work and is a very important scholarly intervention about a rather neglected aspect of the history and present production of music in the city

    Kali ARGYRIADIS et Sara LE MENESTREL: Vivre la guinguette/ Gage AVERILL: Four Parts, No Waiting, A Social History of American Barber-shop Harmony

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    Il est des domaines où la nostalgie demeure bien ce qu’elle a de tout temps été: une manière de se réfugier dans l’imaginaire d’un passé reconstruit pour s’affranchir des contraintes du temps présent et en manifester la critique tranquillement, sans effort pour le changer, tout en se donnant les moyens d’un plaisir qui semble refusé ou impossible dans le réel quotidien. Dans ces constructions et ces pratiques de la nostalgie, la musique joue fréquemment un rôle central. C’est ce que montrent ..

    Anwar Gambeno

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    Anwar Gambeno est le chef d’un des chœurs masculins les plus renommés dans les communautés « métisses » du Cap, en Afrique du Sud. Son histoire est dominée par l’absurdité des classifications raciales qui ont séparé les personnes dans l’ancienne Afrique du Sud et ont, en même temps, inscrit les pratiques culturelles à l’intérieur de frontières figées et pourtant irrémédiablement poreuses. Anwar Gambeno décrit les musiques jouées et chantées dans les communautés « métisses », notamment celles des troupes de carnaval (Coons) et des choeurs dits malais (Malay Choirs). Il explique comment ces groupes, composés d’amateurs, sont dirigés par des hommes sans formation musicale académique qui, pourtant, composent et conçoivent des arrangements polyphoniques élaborés. Il développe, enfin, une conception ouverte de la « tradition ». Sont considérées comme traditionnelles, donc emblématiques des communautés « métisses » du Cap, toutes les formes musicales qui ont été et sont interprétées par les Coons et les Malay Choirs : des innovations créoles aux chansons américaines et aux airs d’opéra

    A Research Itinerary from Fieldwork to Archives: Cape Town (South Africa), Festivals, Music, ‘Identities,’ Politics

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    For more than twenty years (from 1992 till 2015) I did research on the New Year Festivals which are organized at the beginning of every year in Cape Town (South Africa). These festivals include three series of competitions: between carnival troupes named Klopse (from the English clubs), between male choirs called Singkoore or Malay Choirs and between Christian brass bands known as Christmas Choirs or Christmas Bands. In the course of this research, I conducted a great number of interviews, videoed and photographed the festivals and their preparations, collected many printed documents on which I based several articles, book chapters and books (in English and in French); I also recorded a CD with a local choir singing for the Klopse as well as for the Singkoore and produced a video documentary on the 1994 edition of the festival. In this paper I explain the conditions in which I conducted this research, underlining the importance of the partnership I entered into with major actors of the festivals, and signal the implications of such partnerships. I also discuss the conditions in which my documentation was assembled and why most of it was deposited with a South African musical archive.De 1992 à 2015, j’ai poursuivi une recherche au Cap, en Afrique du Sud, portant sur les fêtes du Nouvel An, consistant en compétitions de troupes de carnaval (Klopse), de chœurs masculins (Malay Choirs) et de fanfares chrétiennes (Christmas Choirs). Au cours de cette recherche, j’ai enregistré de nombreux entretiens, filmé et photographié les manifestations festives et leurs préparatifs, collecté de la documentation imprimée, tous matériaux qui ont servi à la rédaction de nombreux textes en français et en anglais, qu’un film documentaire et un CD ont complétés. Cet article retrace les conditions dans lesquelles j’ai effectué cette recherche au long cours. Il souligne le partenariat indispensable avec des acteurs importants de ces fêtes ainsi que ses implications. Il indique enfin comment la documentation a été collectée puis déposée aux archives d’un centre de documentation musicale en Afrique du Sud.De 1992 a 2015, realizei uma investigação na cidade do Cabo, na África do Sul, relativa às festividades do Ano Novo, as quais consistem em competições de grupos carnavalescos (Klopse), de coros masculinos (Malay Choirs) e de fanfarras cristãs (Christmas Choirs). No decurso desta pesquisa gravei numerosas entrevistas, filmei e fotografei as manifestações festivas e respectivos preparativos, recolhi documentação impressa. Esses materiais serviram de base à redacção de textos em francês e inglês, completados por um filme documentário e um CD. O artigo descreve as condições em que efectuei a investigação ao longo do tempo. Sublinha ainda a parceria indispensável com protagonistas importantes destas festas assim como as suas implicações. Finalmente explica como foi realizada a recolha de documentação, posteriormente depositada nos arquivos de um centro de documentação musical sul-africano

    Traces d’avenir

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    La musique offre des ressources spécifiques à l’élaboration des mémoires. Elle fournit en particulier des « traces», au sens que donne Paul Ricœur à ce terme, capables de rappeler, dans et pour le présent, des aspects du passé oubliés ou reniés. En Afrique du Sud, cette capacité de la musique à rendre disponibles des traces, à surmonter les oublis, acquiert une importance particulière car s’y déploie une concurrence mémorielle qui oppose un passé de divisions et de violence à un passé d’interactions et de partage. Dans la période qui a suivi l’abolition de l’apartheid, on a assisté à une floraison d’initiatives favorisant des retrouvailles musicales, de nouvelles appropriations et des croisements fructueux. Des traces musicales de métissages et d’enrichissements mutuels passés y abondent. Dans la perspective d’une politique de réconciliation qui ne serait pas simplement juridique et formelle, la musique pourrait donc fournir à la fois un terrain de pratiques et un sujet d’enseignement susceptibles de faciliter l’avènement de l’harmonie sociale que suppose l’idéal d’une nouvelle Afrique du Sud. Il y faudrait toutefois une volonté politique, traduite en politiques publiques, qui fait actuellement défaut
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