30 research outputs found
Arjun Appadurai, Fear of Small Numbers. An Essay on the Geography of Anger. Durham et Londres, Duke University Press, 2006, 153 p.
Montrer l’autre, faire apparaître notre relation à l’autre : Le « digital storytelling » pour raconter « l’Africanité » au sein d’un HLM de Montréal
À Montréal, dans certains quartiers économiquement défavorisés, mais aussi ailleurs, un jeune homme à la peau noire est souvent « vu » et « perçu » comme un bandit et/ou une victime, actuels ou en devenir. Cette exclusion sociale fondée sur la couleur de la peau est également partagée par des résidents d’habitations à loyers modiques (HLM) de la métropole. Par conséquent, se sortir de cette image stéréotypée par la découverte d’une autre culture était un des objectifs de l’atelier « Mon Afrique à moi » présentée au cours de l’été 2007 par Fako Soulama, originaire du Burkina Faso et animateur au Centre des jeunes Boyce-Viau, un organisme d’intervention familiale opérant au sein d’un des HLM du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Or, si les intentions de cet atelier étaient louables et nécessaires, que reste-t-il de l’atelier « Mon Afrique à moi »? Quels ont été les apprentissages des participants et des artisans de cet atelier? Est-ce que des perceptions quant à l’« Africanité » et au vivre-ensemble de personnes aux origines diverses ont changé depuis? Que voudraient montrer les participants de cet atelier s’ils étaient invités à représenter et à diffuser dans l’espace public ce qu’ils en ont retenu? Une pratique reliée à un nouveau média peut-elle devenir une méthode de recherche? Cette note de recherche présente quelques réponses à ces questions en dévoilant de manière réflexive des enjeux reliés à « l’infrastructure de visibilisation » que nous avons mise en place dans le cadre de notre recherche doctorale pour réfléchir en quoi les définitions, articulations et représentations du vivre-ensemble des personnes directement concernées s’arriment ou diffèrent des images et des discours projetés dans l’espace public par les observateurs et décideurs.In Montreal, in certain less well-off neighbourhoods, but also elsewhere, a young black-skinned man is often “seen” and “perceived” as a real or potential hoodlum and/or victim. This social ostracism based on skin colour is equally shared by the residents of city housing projects. Consequently, getting rid of this stereotyped image through discovering another culture was one of the objectives of the workshop “My Africa” held in the summer of 2007 by Fako Soulama, originally from Burkina Faso and a coordinator at the Boyce-Viau Youth Centre, a family intervention organization operating out of one of the housing projects in the Hochelaga-Maisonneuve neighbourhood of Montreal. While the intentions of this workshop were fine and good, what came out of the “My Africa” workshop? What did the participants and organizers of the workshop learn from it? Have the perceptions of “Africanness” and of living together with persons of diverse origins changed as a result of it? What could the participants in the workshop be able to demonstrate if they were asked to show and share what they remember? Can an experience linked to a new type of media become a research tool? We propose some answers to these questions through a reflexive revealing of the issues related to the “infrastructure of visibilization” that we set up as part of our doctoral dissertation research, in order to consider the way definitions, structures, and images of living together produced by the people most immediately concerned are linked to or differ from the images and discourse proffered in public by observers and decision-makers
Être plus que Corps. Figures des réfugiés dans l’espace public
Cet article propose une réflexion concernant les réfugiés ainsi que leur expérience du programme humanitaire canadien et de ses structures d’accueil propres au Québec. Plus spécifiquement, il s’agit de cerner trois figures successives du réfugié dans l’espace public, soit au sein des médias, du droit public et de la société civile. Nous analysons comment s’organisent dans chacune de ces sphères les relations entre corps, droits et souffrance, tout en accordant une attention particulière au statut du sujet et de la parole inhérents à ces trois figures. Au centre de notre analyse, la parole émise publiquement devient une modalité d’intégration, de liaison et de réalisation, quand les personnes réfugiées peuvent sortir de certaines figures imposées, accédant ainsi véritablement au statut de sujet en possession de ses moyens et de ses droits.This article provides a reflection on the figure of refugees as well as their experiences in the Canadian humanitarian programme and the Quebec institutions that receive refugees. It identifies in particular three standard figures represented in the media, law and civil society. For each of these spheres, we analyse how the relations among the body, rights and suffering is organised, giving particular attention to the status of the subject and the voice of each of the three. A key point made in the analysis is that public testimonials become a mechanism of integration, connection and success when someone who has refugee status can depart from one of the standard figures, and thereby become an acting rights-bearing subject
L'exigence de visibilité par l'image dans les sociétés contemporaines : le cas d'un complexe d'habitations sociales à Montréal
Cette thèse porte sur l’exigence de visibilité par l’image dans les sociétés contemporaines et sur les manières dont des populations dites marginalisées de ces sociétés vivent cette exigence. Dans un premier temps, elle explique de manière théorique et avec des exemples provenant des États-Unis, de la France et du Québec ce qu’est l’exigence de visibilité par l’image. Dans un deuxième temps, elle analyse une réponse à cette exigence à partir d’un complexe d’habitations sociales à Montréal. Plus précisément, cette réponse à l’exigence de visibilité par l’image a consisté en la mise en place d’une infrastructure de visibilisation développée en partenariat avec des résidents des Habitations Boyce-Viau et des experts travaillant avec eux, incluant les intervenants du Centre des jeunes Boyce-Viau (CJBV), mon principal partenaire de recherche. L’objectif de cette infrastructure de visibilisation était de mettre en circulation d’autres images que celles de misérabilisme et d’assistancialisme fréquemment véhiculées dans les espaces médiatique, politique, social et académique, tout en mettant en valeur les participants de l’infrastructure. L’infrastructure de visibilisation comportait quatre volets. Le premier volet misait sur l’expression des participants par la réalisation de plus de 80 films autobiographiques avec le digital storytelling, une méthode de recherche inédite et originale en anthropologie. Le deuxième volet visait à favoriser la reconnaissance individuelle et collective de ces expressions de « sois » et de « nous » par la tenue de trois éditions du Festival des arts de Boyce-Viau (FABV) dans la cour intérieure des Habitations Boyce-Viau. Le troisième volet souhaitait accentuer et créer des liens entre les résidents des Habitations Boyce-Viau et divers experts influençant leur quotidien et leur perception d’eux-mêmes, dont l’anthropologue. Le quatrième et dernier volet consistait à réaliser et à diffuser des outils de communication ainsi qu’à entreprendre des campagnes de relations médias et de lobbying politique afin d’accroître le potentiel de reconnaissance des participants de cette infrastructure de visibilisation. En résumé, cette thèse développe de manière théorique et empirique une proposition d’épistémologie de l’être ensemble par la visibilisation. Elle montre les liens entre ce qui semble visible et ce qui semble invisible et explique que la visibilité est le résultat de mécanismes de visibilisation. Finalement, cette thèse s’inscrit au sein d’une approche qui se veut à la fois phénoménologique et humaniste par le biais d’une recherche-action critique, réflexive et théorisée au sein de laquelle l’anthropologue est autant partie prenante que donnante
L'anthropologie qui "laisse des traces" : la photographie comme agent d'empowerment : une ethnographie avec des Innus de Uashat mak Mani-Utenam
This thesis demonstrates the parallel histories of photography and anthropology. It explores the different usages of photography on/by/for Aboriginal people. The thesis presents the genesis of what youth from Uashat mak Mani-Utenam called "the photo project", thus illustrating the concepts introduced in this work. More than 30 young people from that Innu community located on the North Shore of Quebec participated in 'commented photography' workshops that I initiated between July 2002 and June 2004. The workshops gradually became intergenerational and intercultural sites of social mobilization and production thanks to the publishing of articles and the creation of an itinerary exhibition. Two major findings emerged from this photo project and its productions. First, the participants, without denying their daily struggles, put into light that several positive aspects are part of their lives as well. This finding contradicts the fatalist images and discourses frequently circulated by Euro-Canadian and First Nations adults on behalf of Aboriginal youth. Second, in spite of its detractors, photography is capable of social engagement. This is possible, I argue, because of the intrinsic relational dimension of any technical tool. My research suggests that photography can enact expression, social mobilization and production. This tool can potentially act as an agent of empowerment
Remettre la culture à sa place pour mieux vivre ensemble : un exemple en milieu HLM à Montréal
Près de 70 % des résidents des HLM de Montréal sont maintenant des personnes issues de l’immigration. D’homogènes, les HLM de la métropole sont devenues dans la dernière décennie le lieu d’habitat des populations immigrantes, créant ainsi des incompréhensions et des tensions entre des Québécois nés ici et certains nés ailleurs. Les organismes qui travaillent en HLM tentent de rejoindre les populations dites « ethnoculturelles » ou « immigrantes » en implantant des projets qui favoriseraient la (re)connaissance des diverses ethnicités des résidents des HLM. Parmi eux, un organisme d’intervention psychosociale se distingue en réussissant à rejoindre et rallier les résidents de diverses origines ethnoculturelles sans travailler de manière délibérée sur l’axe de la culture. Il s’agit ici non pas de faire le procès de la culture et d’annoncer sa fin, mais plutôt de la remettre à sa place : en abordant le concept de manière transversale et non frontale, on faovriserait l’intégration des populations dites immigrantes, ainsi que le vivre‐ensemble de la communauté où elles vivent
L’importance de l’aspect relationnel dans l’auto-(re)présentation de jeunes Innus de la communauté de Uashat mak Mani-Utenam
Cet article présente les fondements de ce que l’auteure nomme « le relationnel dans la technique ». La trentaine de jeunes Innus de Uashat mak Mani-Utenam qui ont participé à ce projet ont principalement photographié et commenté des aspects qu’ils aimaient de leur quotidien plutôt que d’accentuer ce qu’ils aimaient moins. Ce résultat contraste avec les images de victimisation et de misérabilisme fréquemment véhiculées à leur sujet dans l’espace public par les adultes autochtones et non autochtones. Selon l’auteure, pour ces jeunes, l’acte photographique ne sert pas à fabriquer des photos, mais à présenter les liens les unissant aux personnes, aux objets et aux événements photographiés. L’acceptation de ce constat amène donc à réfléchir sur les impacts d’une surabondance d’images de souffrance des jeunes autochtones. Se pourrait-il qu’un manque d’équilibre dans le type de représentation de leur quotidien puisse favoriser une intériorisation de ces propos négatifs et ainsi participer au déploiement d’une prophétie autoréalisatrice ?This article presents the underlying principles of what the author call “the relational of the technique”. More than 30 young Innus from Uashat mak Mani-Utenam who participated in this project, photographed and discussed positive aspects of their lives rather than putting emphasis on the negative ones. This result constrasts with the majority of images circulated by native and non-native adults about them in the public sphere in which they are victimised and appear to live a miserable life. It is suggested that for these youth the purpose of photography is not to fabricate photographs per se but rather to present the links with who and what they photograph. This rationale brings us to reflect on what could be the impacts of a quasi-total representation of commodified suffering about First Nations’ youth. Could this lack of balance in representation of their daily lives forecast the internalisation of these negative portrayals and then contribute to a self-fulfilling prophecy
Challenging Stereotypes about First Nations Children and Youth: Collaborative Photography with the Innu from Uashat mak Mani-Utenam
*Focus on the United States and Canada | Reports from the Field
First Nations children and youth in Canada are often portrayed as passive or suffering victims. This field report presents the research project, Photography as a Talking Stick, in which more than 60 children and youth from the Innu community of Uashat mak Mani-Utenam in Quebec, Canada participated. The main finding of this collaborative photography research suggests that, while certainly experiencing and recognizing difficulties in their lives, when asked to document what they like and dislike in their community, the participants mainly chose to photograph and comment on positive aspects of their lives. The relational nature of the annotated photographs and the editorial choices of the participants highlights the responsibility of both mass media and academic literature to balance their reporting with young people’s input. The concept of empowerment is expanded to include the project’s impacts on the researcher and audience, as well as the participants themselves
Le Digital Storytelling : Pratique de visibilisation et de reconnaissance, méthode et posture de recherche
Cette contribution explique comment, avec des résidents d’un complexe de logements sociaux de Montréal et d’autres partenaires, nous avons tenté d’ajouter d’autres représentations de leurs réalités quotidiennes aux imageries, conceptions et stéréotypes véhiculés à leur propos dans des espaces médiatiques généralement occupés par des personnes expertes qui parlent sur et pour eux. Plus précisément, je détaille le premier de quatre volets d’une « infrastructure de visibilisation » codéveloppée ensemble entre 2008 et 2010 pendant ma recherche doctorale, volet qui s’est appuyé sur le digital storytelling. Pour ce faire, je définis d’abord la visibilisation comme concept opératoire distinct de la visibilité qui peut potentiellement générer de la reconnaissance. Ensuite, je présente l’avènement et les particularités du digital storytelling de même que sa pertinence ethnographique. Finalement, j’illustre les manières avec lesquelles nous avons « travaillé » la visibilisation au sein d’une infrastructure où le digital storytelling est devenu autant un outil d’expression et de reconnaissance qu’une méthode et une posture de recherche.This contribution explains how, by working together with the residents of a public housing complex in Montreal and with other partners, we attempted to add other representations of the residents’ everyday realities to the imagery, conceptions and stereotypes conveyed within media spaces that are generally occupied by experts who speak about and for these individuals. More specifically, the article details the first of four components of an « infrastructure of visibilisation » co-developed between 2008 and 2010 in the course of the author’s doctoral research, i.e., a component based on digital storytelling. To do so, the text begins by defining « visibilisation » as an operational concept that is distinct from visibility and that can potentially generate recognition. Next, the article presents the advent and particularities of digital storytelling, as well as its ethnographic value. Finally, the text illustrates how we worked on visibilisation within an infrastructure where digital storytelling has become as much a tool for expression and recognition as a method and posture of research.Esta contribución explica cómo, con los residentes de un complejo de habitaciones sociales de Montreal y con otros asociados, hemos tratado de agregar otras representaciones de sus realidades cotidianas a las imágenes, concepciones y estereotipos vehiculados sobre ellos en los espacios mediáticos generalmente ocupados por las personas expertas que hablan sobre ellos y por ellos. Más precisamente, aquí describo la primera de cuatro secciones sobre la « infraestructura de visibilización » codesarrollada conjuntamente entre 2008 y 2010 durante mi investigación de doctorado, sección que se apoya sobre el digital storytelling. Para ello, defino por principio la visibilización como concepto operatorio distinto de la visibilidad, que potencialmente pude generar reconocimiento. Después, presento el advenimiento y las particularidades del digital storytelling, así como su pertinencia etnográfica. Finalmente, ilustro las maneras con la que hemos « trabajado » la visibilización en el seno de una infraestructura en la cual el digital storytelling devino tanto un útil de expresión y de reconocimiento que un método y una postura de investigación
